Dans le N° 76 de Monda Solidareco une "petite information du Brésil" nous apprenait que Muriel Saragoussi, notre citoyenne déléguée au Congrès des Peuples, ex-administratrice du Fonds Mondial et militante écologiste infatigable au Brésil est entrée au ministère brésilien de l’environnement de son pays.
Convenons que, malgré le fait que nous n'ayons que très peu financé de projets dans ce grand pays, nous avons avec lui des liens incontestables :
Josué de Castro, auteur de « Géopolitique de la faim » et Citoyen du monde fut le premier élu au Congrès des Peuples lors de la première élection transnationale de l’Histoire en 1969. Exilé en France pendant les années noires de la dictature militaire au Brésil, le Professeur Josué de Castro n'est jamais retourné vivant dans son pays.
Citoyen du monde lui aussi, Gabriel Maire, prêtre dans une communauté de base fut sauvagement assassiné en 1989 dans un village du Nordeste brésilien et d'autres, comme notre amie Muriel, travaillent encore auprès des populations pauvres, des communautés indiennes ou des « Sans terre ».
Invité à la réunion du « G.8 » à Evian, le Président Ignacio Sanchez da Silva, « Lula », comme pour mettre les pays riches en face de certaines de leurs responsabilités, leur a proposé la création d'un « Fonds Mondial contre la Faim », à l’image du Plan contre la Faim qu’il a initié au Brésil.
Immense Brésil, pourtant si riche de potentialités et de réalisations économiques mais où seulement 25 % de la terre agricole est exploitée alors que de nombreux paysans, qui ne demandent qu'à se la partager et la travailler, sont en lutte avec les grands propriétaires qui la laissent à l'abandon ! Comment ne pas ressentir un certain vertige face à la tâche énorme qui incombe à ce gouvernement dirigé par cet ancien métallo qui, ne l'oublions pas, a dû déjà donner certains gages aux institutions financières internationales et ne s’est pas montré à la hauteur de nos espoirs citoyens en votant l’exclusion de l’ONG « Reporters sans Frontières » de la Conférence des ONG de l’ECOSOC.
Mais bien des choses positives sont possibles au Brésil... Selon Réseau-Solidarité, dont le Fonds Mondial est structure d’appui, le plan initié par le Président Lula pour l'éradication du « travail esclave » semble porter ses fruits... libération de centaines de personnes... mesures d'insertion... indemnisation des victimes et lutte contre l'impunité... du bon travail se fait. Déjà, dans le N° 48 de Monda Solidareco, Alain Cavelier avait noté les espoirs engendrés par le Conseil mixte (Etat—Citoyens) et la force de cette « dynamique informelle »" qui fut peut-être à la base de la restructuration politique qui a permis voici un an une élection vraiment démocratique au Brésil. Tout le monde connaît aujourd'hui la force montante du M.S.T.(Mouvement des Sans terre), prix Nobel alternatif de la paix en 1991 et prix du Développement en 1997 (Fondation Baudoin).
Porto Alegre, dans l'état du Rio Grande do Sul, siège initial des Forums Sociaux Mondiaux, est aujourd'hui une ville mondialement connue comme un véritable laboratoire de démocratie participative et dans les assentamentos (sortes d'entreprises agricoles coopératives autogérées) la devise est : « économiquement viable,socialement équitable, écologiquement durable ».
Ces initiatives gouvernementales ou municipales inédites ajoutées aux multiples actions de base de la société civile brésilienne, signes évidents d'une citoyenneté active et déterminée, peuvent être le moteur d'un progrès social déterminant.
Alors, un Fonds Mondial contre la Faim ? oui, s’il fait sienne la devise des assentamentos ; oui, s’il accorde la priorité au développement local des moyens de subsistance ; oui s’il redistribue de façon équitable les ressources alimentaires de la planète en cas de famines ; oui s’il fait l’objet d’un véritable contrôle citoyen à l’échelle planétaire… qui devrait éviter qu’il soit financé par les ventes d’armes !..
Bernard Muet
Août 2003