Solidarité Mondiale contre la Faim a pour objectif, entre autres, d'intervenir pour la préservation, l'augmentation et l'utilisation rationnelle des ressources alimentaires de l'humanité", en d'autres mots de veiller à la sécurité alimentaire.
Cette sécurité alimentaire, l'accès à la nourriture est un droit humain fondamental, n'est pas réellement assurée pour toutes les populations du monde. Elle est même sérieusement menacée. La demande augmente fortement : la population mondiale croît et, en même temps, l'exigence d'une nourriture plus abondante et plus variée pour chacun implique qu'il faut produire plus. Or la production agricole est affectée par les changements climatiques : les pluies sont devenues irrégulières dans les régions tropicales, là où vivent les plus démunis, la désertification gagne du terrain, les espaces littoraux sont amenés à disparaître.
La mécanisation et une production intensive, avec ajout de produits chimiques, ont permis d'accroître le volume de nourriture mais depuis la conférence de Rio en 1992 et le concept de développement durable, une exigence de respect écologique bouleverse, plus ou moins selon les régions, l'industrialisation de l'agriculture.
À ces constats s'ajoute un exode rural, les paysans ayant des conditions de vie et de travail pénibles sont attirés par les villes où souvent l'existence est encore plus précaire. Il y a de moins en moins de petits producteurs de cultures vivrières, de maraîchers, de gens qui font vivre la terre.
Tout ceci conduit non pas hélas à une solidarité fraternelle devant l'accès à la nourriture mais au contraire à du chacun pour soi, à des affrontements, à des accaparements de terre, à la déforestation.
Des États achètent ou louent des terres fertiles pour anticiper le manque de nourriture prévu, d'autres cultivent dans des pays pauvres des aliments pour leur bétail ou des agrocarburants mettant hors de chez elles les populations autochtones privées ainsi de la terre qui les faisait vivre. Tout ceci sans parler des marchés commerciaux, des paris boursiers, des grands projets inutiles dévoreurs d'espace, des politiques qui font la part belle à la finance sans aucun respect de l'être humain. Ces difficultés à avoir accès à la nourriture engendrent de l'insécurité, de l'instabilité sociale et économique.
Et pourtant ! SMF l'a toujours dit : la planète peut nourrir toute sa population, la faim n'est pas une fatalité !
Des réserves de terre fertile existent en Afrique, en Amérique latine, en Asie, ... des associations travaillent aux côtés des petits producteurs pour promouvoir une agriculture saine et raisonnable, une refertilisation de certains sols, le reboisement, ... des ingénieurs s'emploient à (ré)concilier agronomie et écologie, ... des citoyens se regroupent pour reconquérir leur terre, pour le droit à choisir ses semences : les femmes d'Ekta Parishad en Inde, les Bunong du Mondolkiri au Cambodge (expropriation des terres pour y implanter des hévéas au profit d'un groupe financier), les Indiens d'Amazonie, ...
Un peu partout dans le monde des hommes, des femmes s'indignent, protestent et se réattribuent leurs choix de vie. Parfois par des actions médiatiques comme celles juste citées, parfois sans bruit, modestement mais toujours en pleine conscience citoyenne et en remettant l'Homme au centre des décisions. C'est là que se situe
SMF en contribuant sans publicité à maintenir et à développer une production agricole de proximité par le financement de petits projets adaptés aux paysans car proposés et élaborés par eux et en harmonie avec les conditions locales. SMF est aussi toujours aux côtés de ceux qui tentent de garder un monde soutenable, humainement soutenable.
Danièle Charier
Monda Solidareco n° 114