Nous en sommes persuadés : la Terre peut nourrir tous les habitants si chacun se rend solidaire de tous. L’humanité en a les moyens en terme de savoir-faire augmentés par les nouvelles technologies et en terme d’espaces de production. Et pourtant, les situations de faim chronique, voire de famines n’ont jamais été aussi importantes qu’en cette année 2020. L’ONU estime à 1,2 milliard le nombre de personnes actuellement en détresse alimentaire.
Parmi les causes de la faim, nous connaissions les sècheresses et la désertification, les déficits pluvieux ou, au contraire, les pluies diluviennes et les inondations, les guerres et l’insécurité qui empêchent les activités agricoles, les cultures de rente imposées par les gouvernements, l’accaparement des terres et des ressources hydriques par des investisseurs étrangers, l’urbanisation qui se fait au détriment des meilleures terres, tandis que les pêcheurs en mer ou dans les grands lacs ne trouvent presque plus de poissons.
A toute cette litanie de causes déjà bien connues s’ajoutent cette année les conséquences catastrophiques des mesures exceptionnelles prises pour contrer un virus effrayant : les transports sont à l’arrêt et les productions agricoles pourrissent dans les champs ou sur le bord des routes ; le bétail ne peut plus être déplacé, et les animaux meurent ; les marchés sont pendant un temps interdits, et les productions laitières sont déversées dans la nature ; chacun est prié de rester confiné, et il n’y a plus d’argent pour nourrir la famille … il n’y a plus de nourriture non plus ; ceux qui ont encore un travail voient leurs revenus diminuer ; ceux qui vivaient du tourisme doivent s’inventer de nouvelles activités pour survivre ! Bref, on a faim, et pas seulement dans les régions où la faim est endémique : on a faim sur tous les continents. Une pandémie virale a provoqué une pandémie de famine, peut-être la plus grave de tous les temps. A la suite des estimations de l’ONU, certaines grandes organisations annoncent qu’il y aurait actuellement plus de 10 000 morts chaque jour par manque de nourriture.
Solidarité Mondiale contre la Faim ne peut évidemment pas rester sclérosée dans sa façon d’agir. Il y a actuellement des urgences et des nécessités à prendre en compte. Des aides alimentaires ont été apportées en France et au Kenya. Des aides ciblées en dons ou en petits crédits ont été distribuées pour la relance de nos projets au Burkina Faso et au Bénin, là la trésorerie s’était amenuisée pour cause de famine ou de maladie. Le Conseil d’Administration Fédéral examine actuellement le cas d’anciens projets qui se trouvent en difficulté : peut-être faudra-t-il effacer quelques dettes, mais pas toutes, car nous avons déjà cette magnifique réponse d’un de nos animateurs en Afrique :
j’ai bien lu votre message mais nous sommes des mutualistes ; nous ne laisserons jamais faire cela : nous comptons rembourser, car si tout le monde abandonne est-ce que SMF survivra ?
S’adapter, oui ! Mais sans oublier notre philosophie et nos objectifs.
Daniel Durand
décembre 2020