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Succès de l'élevage porcin de l'AJES
L’étude par Solidarité Mondiale contre la Faim (SMF) de ce projet d’élevage porcin à 18 Km au sud de Ouagadougou a débuté en 1996. Après 3 années de cotisations des membres, l’Association des Jeunes Eleveurs de Song Naba, communément appelée AJES, a bénéficié d’un financement sous forme d’une subvention et d’un prêt à 0% d’intérêts de la part de SMF.
Début juillet 2003, voici ce que nous a écrit Symphorien Meda, jeune informaticien et responsable de l’élevage porcin AJES.
« Pour ce qui est de l’impact sur l’environnement local du projet AJES, nombreux étaient les jeunes au départ qui voulaient quitter le village de Poésé pour aller vivre en ville à Ouagadougou. En clair, l’élevage porcin AJES a freiné l’exode rural dans ce village. Les jeunes ont compris qu'à partir des ressources naturelles de chez eux, ils pouvaient bien améliorer leur niveau de vie. AJES a été certainement un modèle de courage qui a motivé le retour d’autres jeunes autochtones de Poésé et résidents à Ouagadougou, en vue d'exploiter les ressources naturelles de leur terre natale. Plantation de 10 hectares d’eucalyptus pour les uns en vue de l’exploitation de bois de chauffe et pour lutter contre la désertification et la coupe abusive du bois, et pour les autres de l’élevage également (en cours d’expérimentation). »
« En réalité, déclare Symphorien Meda, pour ce qui concerne les membres d’AJES, l’envie de faire quelque chose de nos propres mains, dans un milieu dont nous ne sommes pas nous mêmes natifs, a suscité au sein du village et auprès de nos observateurs l’envie enthousiaste de se ressourcer, tout en constatant que l’on peut bien se débrouiller à partir de sa volonté. Il fallait oser. Ces natifs de Poésé seront en reste si des jeunes d’ailleurs viennent trouver leur compte là où apparemment rien n’est possible. » Au village de Poésé, l’Association des Jeunes Eleveurs de porcs a contribué à la reprise de l’élevage porcin en facilitant la commercialisation de la production villageoise car AJES est un acheteur potentiel intermédiaire pour revendre les porcs soit directement à Ouagadougou, soit après les avoir engraissés un ou deux mois. Prenons l’exemple donné par Symphorien Meda sur une journée de travail en juillet 2003: « Il s’agit en fait d’une chaîne de vente. Deux personnes de l’AJES vont acheter aux villageois le ou les porcs et les acheminent sur notre site. S’ils sont assez grands ; les animaux sont acheminés directement à Ouaga. Entre temps, nous les avons abattus pour les vendre au « porcs au four ». Barnabé s’y connaît et avec Maxim, ils sont les deux seuls au sein d’AJES à assumer cette responsabilité. Une fois les animaux abattus, on amène la viande chez les agent de santé qui décident de la qualité de la viande avant sa vente. La viande est ensuite acheminée à Ouagadougou où deux autres personnes ont déjà pris contact avec les acheteurs : vendeurs de porcs au four ou amateurs de viande de porc. Nous revendons les porcelets au double ou à plus du tiers de leur valeur initiale. Au sein d’AJES, tout le monde fait tout sauf abattre ». |
« Pour ce qui est de l’activité spécifique des naissances de porcelets à AJES, nous avons décidé de faire un vide sanitaire durant l’été 2003 et de repartir sur des souches nouvelles ensuite. A l’avenir, nous souhaitons diversifier nos produits d’élevage. Par exemple faire des poules pondeuses, des lapins … »
Les difficultés rencontrées : « C’est avec l’âne et la charrette financés dans le projet que nous allons chercher l’eau pour les animaux et pour nous-mêmes. Les 2 pompes d’eau ne suffisent plus. D’autres voisins viennent s’approvisionner. C’est d’ailleurs une de nos difficultés en saison sèche. Peut être nous faudra-t-il négocier avec des bailleurs de fonds le financement d’un nouveau forage dans l’intérêt de toute la population. Une autre difficulté, c’est que nous sommes obligés à chaque fin de saison de pluies de réparer nos locaux avec de la terre battue (banco). La saison de pluies est généralement une période morte. »
« Nous sommes fiers chaque année de rembourser une partie du prêt sans intérêts que nous avons obtenu auprès de SMF. Nous devenons à chaque fois un peu plus propriétaires de notre élevage et nous savons que nous contribuons aussi à ce que d’autres groupements villageois comme nous, en attente de financement, accèdent plus rapidement à cette solidarité qui permet de réaliser le projet élaboré par le groupement. »
Souhaitons longue vie à AJES. Que ces jeunes éleveurs continuent à prouver que la rigueur au travail, le courage et la motivation sont les meilleurs ingrédients pour devenir un groupement autonome, responsable et solidaire qui stimule son environnement social. Preuve que les retombées positives d’un projet vont bien au-delà des objectifs fixés par contrat avec un groupement particulier.